dimanche 2 juillet 2006

Infini d'en Bas,Infin d'en Haut

dimanche 2 juillet 2006



Y'a t-il un infini hors de nous?
Cet infini est-il un, immanent, permanent; necessairement substantiel,
puisqu'il est infin, et que , si la matière lui manquait, il serait borné là,
necessairement intelligent, puisqu'il est infini, et que , si l'intelligence lui
manquait, il serait fini là?
Cet infin éveille-t-il en nous l'idée d'essence, tandis que nous ne pouvons
nous attribuer à nous même que l'idée d'existence?
En d'autres termes, n'est-il pas l'absolu dont nous sommes le relatif?
En meme temps qu'il y'a un infini hors de nous, n'ya t-il pas un infini en
nous?
Ces deux infinis (quel pluriel effrayant!) ne se supperposent-ils pas l'un à
l'autre?
Le second infini n'est-il pas pour ainsi dire sous-jascent au premier?
N'en est-il pas le miroir, le reflet, l'echo, abîme concentrique à un autre
abîme?
Ce second infini est-il intelligent lui aussi?
Pense-t-il? aime-t-il? veut-il?
Si les deux infinis sont intelligents, chacun d'eux a un principe voulant, et
il y'a un moi dans l'infin d'en haut comme il y'a un moi dans l'infini d'en
bas.
Ce moi d'en bas, c'est l'âme; ce moi d'en haut, c'est Dieu.
Mettre, par la pensée, l'infini d'en bas en contact avec l'infini d'en haut,
cela s'appelle Prier .
Ne retirons rien à l'esprit humain; supprimer est mauvais.
Il faut réformer et transformer. Certaines facultés de l'homme sont
dirigées vers l'inconnu; La pensée, la rêverie, la prière.
L'inconnu est un océan.
Qu'est-ce que la conscience? C'est la boussole de l'Inconnu.
Pensée, rêverie, prière; ce sont là de grands rayonnements mystérieux.
Respectons-les.
Où vont ces irradiations majestueuses de l'âme? à l'ombre; c'est-à dire à
la lumière.
(...)
Ecraser les fanatismes et vénérer l'infini, telle est la loi.
Ne nous bornons pas à nous prosterner sous l'arbre Création, et à
contempler ses immenses branchages pleins d'astres.

Nous avons un devoir: travailler à l'âme humaine, défendre le mystère
contre le miracle , adorer l'incompréhensible et rejeter l'absurde,
n'admetrre, en fait d'inexplicable, que le necessaire, assainir la croyance,
ôter les superstitions de dessus la religion; echeniller Dieu.
(Victor Hugo, Les misérables)

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