mardi 18 août 2009

Folie pour Folie

mardi 18 août 2009

«La maladie est une réponse, une pauvre réponse que l’on invente à une souffrance.»
Christian Bobin


Si la pathologie "organique" est obéit souvent à un loi de cause à effets pour le monde scientifique et médical, la maladie "mentale" se trouve beaucoup plus contrainte à des explications moins rationnelle.Excès ou manque en neurotransmetteurs, dépression de l'activité de certaine partie du cerveau ne sont pas largement considérée comme les véritable point d'émergence de ces pathologies, les laissant proies à touts sortes de superstitions.Mais Comment devient-on "mentalement déséquilibré"?comment passe-t-on du coté des aliénés,
the dark side ?Sommes-nous tous susceptibles de devenir un beau jour "fous", ou bien faut-il un terrain préalable pour faire germer le grain de folie?

Un peu d'Histoire

En médecine le mot Folie n'a nulle place dans le dictionnaire.D'autres-Délire, démence, schizophrénie,psychose, nevrose, paranoïa, etc- prennent sa place.
William CULLEN crée en 1769 le terme "névroses" désignant un ensemble d'affections du sentiment et du mouvement, sans fièvre ni lésions décelables.

L'une des maladie mentales les plus anciennement décrites est l'Hystérie . Les plus anciens des textes médicaux égyptiens connus qui datent de 2000 ans avant l'ère chrétienne, notamment les Papyrus de Kahun en parlent déjà.
Le terme hystérie est dérivé du mot grec
hustera , signifiant "matrice" soit l'utérus. L'hystérie fut en effet, jusqu'aux travaux du neurologue Charcot, considérée comme intimement liée à l'utérus; la théorie admise étant que celui-ci se déplaçait dans le corps, créant les symptômes. Paul Julius Möbius était un neurologue aussi connu pour s'être intéressé à l’hystérie avec cette définition de 1888 qui, dans son contenu, précédait les théories de Freud, Breuer et Janet: "Sont hystériques toutes les manifestations pathologiques causées par des représentations. Puis: Une partie seulement des phénomènes pathologiques correspond par son contenu aux idées motivantes, c.à.d. à celles provoquées par des suggestions étrangères et des autosuggestions, dans le cas par exemple, où l'idée de ne pouvoir mouvoir le bras entraîne une paralysie de celui-ci. D'autres phénomènes hystériques, tout en émanant bien de représentations, ne leur correspondent pas au point de vue du contenu. .En d'autres termes et en résumé, il prétendait que les manifestations hystériques sont idéogènes".(1)
Freud s'est intéressé à l'hystérie avant même que la psychanalyse ne naisse ; c'est l'hystérie qui a révélé à Freud la névrose.Dans son livre "Études sur l'hystérie" il explique :

"
Nos expériences nous ont montré que les phénomènes hystériques découlaient des traumatismes psychiques. Nous avons déjà parlé des états anormaux du conscient dans lesquels se produisaient ces représentations pathogènes et avons été forcés de souligner que le souvenir du traumatisme psychique actif ne pouvait se découvrir dans la mémoire normale du malade mais seulement dans celle de l'hypnotisé. En étudiant de plus près ces phénomènes nous nous sommes davantage convaincus du fait que la dissociation du conscient appelée double conscience dans les observations classiques, existe rudimentairement dans toutes les hystéries. La tendance à cette dissociation et par là à l'apparition des états de conscience anormaux que nous rassemblons sous le nom d'états hypnoïdes serait dans cette névrose, un phénomène fondamental...

Lorsque ces états hypnoïdes ont déjà précédé la maladie manifeste, ils fournissaient le terrain sur lequel l'affect va édifier le souvenir pathogène avec ses conséquences somatiques. Ce fait correspondà une prédisposition à l'hystérie. Mais nos observations montrent qu'un traumatisme grave (comme celui de la névrose traumatique), une répression pénible (celle de l'affect sexuel, par exemple) peuvent provoquer, même chez un sujet normal, une dissociation des groupes de représentations et c'est en cela que consisterait le mécanisme de l'hystérie psychiquement acquise. Il faut tenir compte du fait qu'entre les cas extrêmes de ces deux formes, il existe toute une série de représentations au sein desquelles la facile production d'une dissociation, chez un sujet donné, et l'importance de la charge affective du traumatisme varient en sens inverse
..."(2)

En mots plus simples

En fait l'hystérie est due toujours à un choc moral ou traumatisme psychique ; le traumatisme physique n’agit pas par lui-même, mais par le choc moral qui l’accompagne. Ce sont les réminiscences émotives du choc hystérogène qui réveillent les crises. C’est l’émotion attachée au souvenir, ce n’est pas l’idée elle-même qui les réveille : l’idée est impuissante, si elle n’est pas émotive.

Les émotions s’accompagnent de réactions constituées par des réflexes volontaires ou involontaires. Or BREUER et FREUD admettent que la conservation des souvenirs émotifs tient, surtout à ce que la réaction a été insuffisante ; le sujet ne s’est pas suffisamment déchargé, l’émotivité n’a pas été dégagée par ces phénomènes de réaction, trop faibles chez lui ; elle persiste alors liée au souvenir et l’entretient.
L’insuffisance de la réaction, éliminatoire de l’élément émotif, peut être due, soit à ce que l’émotion elle-même ne comportait pas de réaction, tel le chagrin dû à là mort d’une personne chère ; soit à ce que le malade, obéissant à un sentiment de fausse honte ou de vanité, arrive à oublier volontairement et à refouler son émotion ; soit enfin à ce que le choc émotif hystérogène a eu lieu dans un état de conscience spéciale quelquefois même déterminé par lui, sidération par la frayeur, obnubilation semi-hypnotique dans l’état de veille, auto-hypnose, état rendant toute réaction impossible. D’ailleurs les phénomènes hystériques ont toujours lieu dans un état de conscience anormal, analogue à l’hypnose, que ces auteurs appellent état hypnoïde. Ces états existent chez nous tous à un certain degré ; les rêves du jour, à l’état de veille, sont des états hypnoïdes. Quand ces états sont très développés, ils constituent une prédisposition à l’hystérie. Ils peuvent être créés par le choc émotif lui-même et constituent alors l’hystérie acquise.
(3)

Erreurs..

L'erreur d'Hippocrate et des Égyptiens fut de restreindre les symptômes hystériques à la femme, d'où le mot hystérie (utérus en grec).Dans l'imagerie médicale ancienne, l'utérus était souvent décrit comme pouvant se déplacer dans le corps, provocant ainsi toutes sortes de symptômes. On considérait que la femme n'est pas autant que l'homme propriétaire de son corps : l'utérus a une autonomie, c'est une sorte de petit animal. Lorsque cet utérus n'est pas bien tenu à sa place, comme réceptacle d'un foetus pendant la grossesse ou comme réceptacle du sperme masculin, il se déplace et provoque dans ses mouvements des symptômes hystériques.
L'hystérie se traitait donc par les rapport sexuels et la maternité, car un utérus occupé restera à sa place...
C'est au IIème siècle que Gallien abandonnera l'idée de déplacement d'organe. Déjà au 1er siècle, on évoquait la possibilité que cet utérus ne migre pas mais se contracte...Au moyen Age, l'hystérie se retrouve du côté des ferveurs mystiques. Elle sort donc du domaine de la médecine pour se fondre dans le religieux.
Pour Saint-Augustin, sexualité et péché sont associés donc on ne peut pas être hystérique si on est chaste !! Arrive donc l'idée de sorcellerie et de la chasse aux sorcières qui entraîne sur le bûcher les personnes "possédées" ! Nombre d'hystériques à l'époque ont du connaître le feu.A la fin du XIXème siècle, Charcot va donner à l'hystérie un statut plus précis de ce qu'il considère comme une maladie. Il va parler de l'origine traumatique de l'hystérie et y voit l'expression d'un dysfonctionnement du système nerveux ayant lui-même des conséquences psychiques. Il va créer le concept de névrose, terme introduit par l'Ecossais Cullen.

Les psychanalystes ont considéré que l'hystérie était probablement une pathologie fortement associée aux femmes non parce que les femmes y seraient plus sensibles que les hommes mais parce que, dans des sociétés où la femme est opprimée et où la féminité est réprimée, les femmes l'utilisent comme médium pour exprimer leur malaise psychologique profond sous l'influence de la société qui oriente leur peine vers une expression de type hystérique. Cette hypothèse bien que semblant appuyée sur une explication séduisante, n'est pourtant pas démontrée. Elle expliquerait pourquoi il semble y avoir des effets de mode ou des épidémies d'hystérie dans certaines sociétés et à certaines époques, et pourquoi l'hystérie a beaucoup régressé en Occident.
Aujourd'hui, étant donné le fait que l'on trouve bel et bien des hommes « hystériques », on préfère utiliser le terme histrionique (histrio, comédien en latin), ramenant le symptôme à un jeu d'acteurs, une exagération explosive d'émotions.(1)
L'hystérie disparaît à la fin du XX° siècle comme entité nosographique, comme maladie. Les troubles qui étaient regroupés sous le terme d'hystérie sont désormais répartis dans deux cadres : troubles somatoformes ou de conversion et troubles dissociatifs.(4)

Le défi

L'hystérie peut apparaître comme un défi à la médecine, elle met en cause la méthode anatomo-clinique, les classifications cliniques ,puisqu'elle se prête mal au regroupement syndromique habituel de la démarche médicale classique. Les signes sont variables, inconstants, labiles. Elle parait suivre des « modes », préférant selon les époques le neurologique, le digestif et peut-être maintenant le psychiatrique. La conversion c'est ce que la médecine ne sait pas expliquer.Néanmoins en pratique, dans une époque donnée pour une culture donnée, des tableaux peuvent nous aider à la repérer.Les manifestations hystérique rentre dans le cadre d'un mécanisme noté "
conversion".Ce terme venant de la psychanalyse suppose qu'un trouble hystérique est le conflit psychique inconscient vient se transposer sur le corps et provoque ainsi un symptôme somatique. Il y a conversion du « psychique » en somatique.Ainsi on peut observer-outres les fameuses « crises d'hystérie » volontiers bruyantes et spectaculaires avec evanouissements, crises tétaniformes, pseudo-crises d'épilepsie généralisée etc..- onpeut observer troubles de la motricité tels que des paralysies de toutes sortes (un membre, la main, les deux jambes, etc.),des contractures musculaires de toutes sortes et des mouvements anormaux, crampes, torticolis, dyskinésie faciale, blépharospasme, des anesthésie ou Hyperesthesie, des troubles visuels, une surdité, des toubles de la phonation, Anorexie, boulimie, dyspareunie, vaginisme , aphasies, et très souvent des douleurs type céphalées, lombalgies etc.

Mais pour comprendre ce type de nevrose ne s'agit-il pas simplement à aller vers les racines du mal, ces émotions enfouis , étouffées sous la cape du silence? Ne s'agit-il pas seulement d'apprendre à évacuer ses sentiments et ressentiments,ses maux et souffrances , par des mots, des gestes au lieu de les laisser nous habiter comme des fantômes ? Les émotions sont-elles domptables? sont elles curables?

A suivre






mes liens:
(1) wikipedia.org
(2)
freud-lac
(3)
Psychanalyse-Paris
(4)
serpsy.org













5 commentaires:

SiL a dit…

Un petit rappel pour moi, mais qui fait toujours bon de relire pour sa culture personnel.
Bien à toi.

Arthémisia a dit…

Une question Mocka, pourquoi faudrait il curer les émotions?
bises
Arthi

Frédéric Baylot a dit…

Bon ma question existencielle maintenant après cette lecture, est se soigne t elle par la chasteté ou au contraire le rapport sexuel ?
j'espère que c'est la seconde solution, et je me fais thérapeute ;-)))

pour redevenir sérieux (heu ne l'étais je point ? :-D ) : d'où l'importance de la prise de conscience du langage du corps, de l'expression de ses sentiments et ses besoins

Arthémisia, il ne s'agit pas il me semble de "curer les émotions" que de celles qui sont "emprisonnées" non exprimées

enfin cela dépasse il me semble l'hystérie, mais le passage du mental/émotionnel au corps, au niveau pathologique peut exister pour d'autres maladies très "physiques"

bises et merci

Arthémisia a dit…

curer : nettoyer et soigner.

La fin du texte de Mocka me laisse entendre l'idée que les émotions sont néfastes,nuisibles à la santé mentale.

Si c'est pour les faire sortir, les exprimer, aller les chercher et les extirper des tréfonds où le psychisme les cache, je dis Ok. Es-primer, EX- traire...tous cela me semble bénéfique même si cela doit se faire dans la douleur.

Mais si c'est simplement pour les chasser, les renier, les balayer, où est l'humain, où est le soin, où est l'écoute? On en arrive à du répressif et donc du somatif.

Il me semble que la psychanalyse et toutes les médecines du monde doivent passer avant tout par la parole, et l'écoute et que par ce fait -ce que je vais dire est très prétentieux- nous sommes tous un peu les "curateurs" (au sens médical) de nos frères.

avec mes bises
Arthémisia

Mocka a dit…

eh bien Arthi je crois que Lungta a tout compris.g pris l'exemple de l'hystérie pcq ça illustre à la fois le caractère ambivalent de la maladie psychiatrique et psychosomatique ,les racine de la naissance de la psychanalyse, et le coté impulsif de cette maladie.

On dit souvent que toute la médecine n'est qu'une branche de la psychiatrie.le coté Mental du processus thérapeutique est indéniable, mais le coté uniquement somatique de tte pathologie est celui qui le plus est mis en doute.
Toute la question avec ce mental est de comment le gérer.Si les émotions peuvent faire beaucoup de bien, si elles peuvent être elles meme une source de guérison , elles peuvent être aussi source de malaise.Le tout est de savoir les gérer, les incorporer.Les réprimer au lieu de les décharger est la source des problème selon freud. Il ne s'agit pas de les renier loin de là.

et lungta: good point Mr le thérapeute! :))

 
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