
La douleur, ça se passe dans ma tête ?
Ecchymose , plaie, contusion, hématome, souvent il n'en est rien.La douleur existe d'elle même sans dommage apparent.Il ne suffit plus alors de se tâter le corps pour trouver là où elle se cache, le mal provient de plus haut: le cerveau..On appelle ceci douleur psychogène.
Cette douleur est réelle. Les patients insistent pour convaincre certains thérapeutes récalcitrants. En réalité, elle entrent dans ce qu'on appelle le trouble douloureux, où les facteurs psychologiques jouent un rôle dans le déclenchement de la symptomatologie, dans son intensité et son aggravation ainsi que dans sa persistance.
Le trouble psychogène renvoie à des étiologies psychiatriques multiples. Ainsi La douleur dans les névroses post-traumatiques, faisant suite à des accidents de toutes sortes, inscrit dans le corps douloureux la trace mnésique indélébile de l’événement qui a menacé l’existence(1). l'exemple le plus probant est celui du membre fantôme.
Le terme membre fantôme désigne le fait qu'une personne amputée d'un membre en ressente encore la présence, le plus souvent de façon douloureuse.Cette sensation est vécue par au moins les deux tiers des nouveaux amputés, et après un an plus d’un tiers s’en plaint encore. Souvent, elle diminue avec le temps, aussi bien en intensité qu’en fréquence. Mais il arrive qu’elle réapparaisse avec autant d’impact qu’au tout début.elle peut être parfois remplacée par des sensations de chaud, de froid, de picotements, de fourmillement, de crampe, de constriction. Essentiellement tous les types de sensations que le membre a pu faire ressentir durant son existence avant l’amputation.
Ces sensations sont expliqué par le fait qu'une partie du cerveau qui a toujours ressenti le membre fait état de sensations au reste du cerveau. La partie pensante du cerveau sait, elle, que le membre a été amputé. Il existe alors des informations très différentes voire paradoxales qui se promènent dans la tête et l’esprit.(2)
Douleur et souffrance, quelle est la différence?
Quelle que soit l’étiologie d’une douleur, même d’origine psychologique (deuil, traumatisme, séparation) elle est vécue par la personne comme n’importe quelle autre douleur.
L’état psychique influence fortement la perception de la douleur. La douleur est plus difficile à supporter si la personne est déprimée ou anxieuse et de nombreuses douleurs chroniques se rencontrent dans les problématiques de pathologies du lien (divorce, licenciement, retraite, décès, abus sexuel). Alors qu’une douleur qui persiste sans être prise au sérieux peut provoquer un tableau dépressif et une maladie dépressive peut s’exprimer uniquement sur le mode
douloureux (migraines ou lombalgies). .(3)
Cependant si la douleur morale est considéré comme une pathologie psychique , elle a une signification différente de la douleur corporelle: celle de la souffrance.
En fait la souffrance est ce qui fait dire "je suis mal"alors que La douleur est ce qui fait dire "j’ai mal".L’étymologie du mot "souffrance" est d'ailleurs très intéressante :le mot souffrance vient de deux mots latins : le préfixe "sub" qui signifie "en dessous" et le verbe "ferre", qui signifie "porter".Le mot représente donc l’image d’un support, qui porte tout ce qui se trouve dessus.
Au sens le plus philosophique des deux termes , on se l'explique par le fait que :
"La douleur est sa propre réalité alors que la souffrance est son propre sens, le paradoxe étant qu’il est impossible au sens d’être sa propre réalité, tout sens étant renvoi, extériorité à soi, rappel ou anticipation d’autre chose. Alors que la douleur pourrait idéalement être bloquée en elle-même, circonscrite en son lieu particulier et par là ramenée à l’existence, la souffrance est sa propre extériorité et par là déjà rapportée à la vie. Son extériorité n’est pas l’extériorité d’une chose relativement à une autre mais celle du sens relativement à lui-même. "(4)
Autrement dit , si la douleur constitue la sensation nociceptive consciente, la souffrance elle est l'expérience de cette sensation, que le cerveau intègre dans l'inconscient.
Ceci dit la fil fin qui sépare les deux est souvent source de confusion et par abus de langage on dit de quelqu'un qu'il souffre du dos ou qu'il est en douleur à la suite d'un deuil etc..
la douleur ça se soigne comment?
Fini le temps ou les chirurgien opéraient sans anesthésie, ou celui les femmes accouchaient dans la douleur , aujourd'hui remédier à la douleur est une priorité, et pour ceci on fait appel aux antidouleur.
Le terme antidouleur désigne les procédés mais également et avant tous les médicaments destinés à lutter contre la douleur. Le terme scientifique équivalent est antalgique. Du grec an, privatif et algos "douleur", il s'agit de médicaments (appelés également analgésique) qui permettent d'atténuer, voire de supprimer la douleur.Les antalgiques les plus puissant et les plus anciens sont les opiacés , substances dérivés de l'opuim.
La petite histoire de l'opium
le pavot à opium est connu depuis plus de 4 mille ans avantJ-C. Des graines et des capsules ont été retrouvées dans des habitats néolithiques européens datant de cinq mille ans avant notre ère. Les Sumériens le connaissaient près de quatre mille ans avant notre ère et une de leurs tablettes le qualifie de plante de la joie. Il était largement utilisé aussi dans l'ancienne Égypte, notamment par les Pharaons, non seulement à des fins thérapeutiques mais également pour ses propriétés psychotropes*. Dans la Grèce antique, il figurait sur des monnaies et la déesse Déméter( déesse greco-romaine de l'agriculture)était représentée avec des plantes de pavot dans ses mains. Le Népenthès, boisson procurant l’oubli de tous les chagrins décrite par Homère dans L’Odyssée, contenait vraisemblablement de l’opium de même que le soma de l’Inde antique. Il a probablement été introduit en Inde par les armées d’Alexandre le Grand trois siècles avant notre ère mais sa culture ne s’y est développée que vers le neuvième siècle. A la fin du treizième siècle, Marco Polo observa des champs de pavot dans le Badakhshan, région du nord de l’Afghanistan où se trouvent encore aujourd’hui de nombreuses plantations.
La morphine fille ainée de l'opium
AU XIX siècle, les progrès de la chimie permettent d'isoler une substance active pure de l'opium : cette substance fut nommée morphine, en référence à Morphée, le dieu grec des rêves. La découverte des autres alcaloïdes de l'opium (plus de 20 substances actives différentes) suivit rapidement celle de la morphine. Au milieu du siècle, l'utilisation des alcaloïdes purs commença à se répandre dans le monde médical, prenant le pas sur l'utilisation de préparations d'opium non raffiné.
Utilisée à grande échelle sur les champs de bataille (Crimée 1854-1855, guerre de Sécession aux Etats-Unis 1861-1865), elle génère la « maladie du soldat », première toxicomanie moderne. Son efficacité contre la douleur et la renommée acquise dans les traitements contre la tuberculose, désigne la morphine comme un traitement dénoué de toute composante addictive. Les soldats dépendants à la morphine seront soignés par la suite par un nouveau dérivé opiacé, l’héroïne.
La dérive avec la morphine ont débuté lorsque on a commencé à l'utiliser sous forme injectable.
Elle est alors utilisée pour tout et par tous, en particulier dans le milieu médical où on découvre son effet dysphorisant se développe alors le morphinisme.
C'est devant cette montée de toxicomanie qui n'était pas seulement le fait de la morphine, mais également d'autres substances, que le corps médical amalgama propriété antalgique et propriété dysphorisante en condamnant d'un seul bloc le médicament.
Ce n'est qu'au début des années 50 que les hospices anglais redécouvrent les bienfaits de la morphine en composant le cocktail de Brompton( cocktail fait de morphine ou héroine associé, à la cocaïne et l'alcool)mais le réservant encore seulement aux derniers moments de la vie.(6)
La morphine agit sur la douleur en augmentant le seuil de perception de la douleur( diminue la sensibilité à la douleur), modifie la perception douloureuse (Pour certains malades, la douleur est toujours présente, mais la morphine entraîne un certain détachement vis-à-vis d'elle.) .Elle diminue les réactions à la douleur :objectivables (cris, gémissements )et subjectives ( appréhension, interprétation) .
En soi, l'effet de la morphine comme calmant est sûr et de durée limitée. Mais l'accoutumance à la morphine peut poser un réel problème. C'est encore plus le cas avec l'héroïne, qui contient une morphine chimiquement modifiée, atteignant le cerveau beaucoup plus rapidement. L'héroïne engendre ainsi beaucoup plus de dépendance que la morphine.
Un grand problème posé par l'héroïne est que son effet s'arrête tout aussi brutalement qu'il commence. Le consommateur est subitement confronté à un creux, ce qui revient à une invitation très pressante à reprendre une dose, c'est le syndrome de manque. qui se voit lors des crise de sevrage des toxicomanes par des : sueurs, larmoiement, mydriase, douleurs musculaires et crampes, troubles digestifs (vomissements, diarrhée), hypertension, anxiété, agressivité, hallucinations.
Le corps et ses propres drogues
Découverte au cours des années 1970 par Hans Kosterlitz et John Hughes dans le cerveau d'un cochon, l'endorphine(association entre endo =endogène et de morphine) initialement appelé Enképhaline (du grec enkephalos: dans la tête) est une morphine endogène produite naturellement par le corps humain, et retrouvée notamment au niveau du système digestif, de la moelle épinière et même du cerveau. Après une expérience faite sur un rat, l'on remarqua que, ces récepteurs opiacés étaient à l'origine de sensations de plaisir chez les mammifères. Mais à quoi servent exactement les endorphines ?
Les endorphines ont pour rôle, de contrôler de la respiration et le transit gastro-intestinal, de moduler la réponse hormonale et celle immunitaire, de provoquer des sensations de plaisir, de diminuer le stress et d'atténuer la douleur, de provoquer le sommeil ainsi que le sentiment amoureux durable.
Les effets des endorphines se mesurent au niveau de la libération en grande quantité, où, elles peuvent provoquer un sentiment d'euphorie, d'extase ou encore une sensation quasiment comparable à la prise de drogue, sauf que ces dernières sont bénéfiques à l'organisme.
Les endorphines permettent à l'organisme de garder son équilibre, son bien être. Et tout stress, toute situation exigeant de rester en alerte, entraîne une augmentation de notre sécrétion d'endorphine..(7)
L'amour opium du peuple?
Il est maintenant prouvé que les endorphines est l'un des principaux composant du cocktail de l'Amour.En effet le sentiment amoureux en plus de l'acte amoureux inondent le corps d'endorphines., et la notion de septième ciel qu'on décrit lors de l'orgasme serait en rapport avec un point de secrétion culminant d'endorphines.
Par ailleurs,L'hypothèse de la saturation du cerveau émotionnel en endorphines lors du bonheur amoureux expliquerait le phénomène que représente le chagrin d'amour qui suit une rupture amoureuse. En effet, le comportement de la personne abandonnée par l'être qu'elle aime présente des signes tout à fait ressemblants avec ceux observés chez les drogués en manque de morphine : anxiété permanente, insomnie, agitation, irritabilité, agressivité à l'égard de son entourage, troubles auxquels succède une phase de repli, de prostration, de désintérêt pour le reste du monde.Ne peut-on alors concevoir, toujours dans l'hypothèse « morphinique » de l'amour, que la rupture amoureuse corresponde à un véritable « sevrage » brutal en endorphines du cerveau émotionnel et le chagrin d'amour à un « manque » en morphines endogènes?(8)
l'Endorphine sur la voie de la Méditation?
D'après un article publié par Dr Jacques VIGNE, une étude du Dr Levine de l'université de Californie l'endorphine peut être reliée indirectement à la méditation: Levine a montré que les endorphines médiatisaient l'effet placebo, c'est-à-dire que les patients qui suppriment leur propre douleur en croyant avoir reçu un médicament efficace le font par l'intermédiaire des endorphines. . L'effet placebo est un exemple particulier d'auto-suggestion qui est une méthode qu'on peut relier sans difficulté à de nombreuses sortes de méditation, même si ces dernières ne sont pas réductibles exclusivement à une auto-suggestion.
Donc Si les endorphines permettent d'expliquer le bien-être éprouvé en méditation ,Si par une pratique précise on peut fabriquer sa propre morphine à l'intérieur du corps, n'est-ce pas un gage d'autonomie par rapport à toutes sortes de dépendances, depuis la drogue et l'alcool jusqu'à cette dépendance fondamentale qui consiste à rechercher le bonheur à l'extérieur alors qu'il est déjà là, présent en nous?
Pour boucler la boucle
Finalement ,qu'elle soit vécu comme une sanction ou comme une voie de purification , la douleur est avant un moment de détresse et de peur qui atteint l'homme au plus profond de lui-même . toute réflexion dessus amène à réfléchir sur les rapports très étroits de l'esprit et du corps, et la compréhension de plus en plus fine du phénomène montre qu'il ne peut y avoir de dichotomie (séparation) entre le somatique (le corps) et le psychique, sauf éventuellement en ce qui concerne le mécanisme générateur du processus algique.
De plus si Hippocrate disait, il y a bien longtemps, que « soulager la douleur est une chose divine ». bien qu'il voulait dire que la douleur était l’affaire des dieux,Le traitement de la douleur se trouve malgré lui intimement lié à aux notions de paradis et d'enfer, que ce soit de par la representation culturelle de la douleur que celle de la quête de paradis artificiels aussi éphémère soit-il à l'origine du trafic florissant de stupéfiant dans le monde et qui laisse croire qu'il est utopique d'imaginer de nos jours un monde sans drogues.
(1) Extraits de La douleur, point de vue d’un psy !(Pr Zouhair EL HECHMI ,société tunisienne de medecine interne)
(2)Douleur et membre fantôme
(3)La douleur en question( Société d’étude et de traitement de la douleur)
(4)Philosophie en ligne
(5)les antalgiques
(*)psychotrope:Le terme psychotrope signifie littéralement qui agit, qui donne une directionà l'esprit ou au comportement (psycho). (trope)
(6)psydoc
(7)Aqua design
(8)Phiol-5
pour en savoir plus:
Contrôle de la douleur:
Douleur des membres fantomes
Le tour du monde des drogues(dossier du Routard)